Mise à jour

Une semaine, donc, a passé. Ce n’était pas que furtif, ce n’était pas qu’un artefact, c’était vraiment l’été. Les collants ont disparu et les hommes filent en vélo et bras de chemise. Comme des plantes, comme des animaux, on s’étend, on prend possession du terrain, de la ville.

Ma roue bute sur un tapis d’éclats de verre. Les poubelles dégueulent les restes de pique-nique Bio c’ bon et d’alcool bon marché. On voit encore le spectre des garçons bien élevés devenir monstres de vulgarité sous l’effet du quai.

Les hommes en vert balaient, aspirent, aspergent, repoussent, emballent. Ils ne sont pas partis trop tard pour attraper le dernier métro, eux. Ils n’ont pas pris un vélib’ défoncé derrière le Grand Palais, eux. Ils n’ont pas roulé sur la ligne blanche en grillant les feux rouges, eux. Ils effacent soigneusement la soirée d’hier qu’on reproduira inlassablement ce soir. Les gobelets, les paquets de cigarettes, une chaussure, un hoodie de demi-saison, un coma éthylique, je dois poser le pied à terre.

Les canettes bien alignées et les bouteilles de Heineken d’Ora-ïto dessinent les groupes assis par terre sur un minuscule rebord, les couples collés sur un tabouret. Les groupes bien ordonnés de la semaine passée se sont transformés en marée humaine incontrôlable. Les rires gras résonnent encore entre les containers. Les rires hystériques de la parade amoureuse aussi. Et puis la tension, l’électricité des journées trop chaudes qui promettent toujours plus et qui déçoivent, forcement.

J’entends les appels de fin de soirée, un peu alcoolisés, un peu désespérés à celle qui ne viendra plus ou qui est déjà partie. Les bandes d’amis qui s’étirent et se recomposent au gré des rencontres et des cubis de rosé. Ça parle épilation sûrement, repousse de poils et passage chez Body minute sur les heures de bureau.

Scène de guerre.

La Seine est trouble et immobile et les bouteilles à la mer envoient des messages au cadavre gonflé qui flotte doucement dans le soleil matinal, escorté d’une nuée de mouettes. Les clochards, comme des vautours dans un désert périphérique fouillent parmi les détritus en quête d’un Jack Daniel’s entamé ou d’une bière éventée. Le bitume déjà chaud sent le vomi et le pollen de bouleau. Il est 8h09.


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *