XO XO et talons hauts

 

Mona Chollet a très bien parlé de Gossip Girl dans le Monde Diplo et Beauté Fatale, de l’image de la femme et de toute une idée de la société que la série véhicule, de l’intrication vulgaire entre industrie culturelle et industrie de la mode… Mais là où elle voit un produit parfaitement calibré, je comprends mal le désir d’identification.

Evidemment, ce n’est pas étonnant que cette série existe aujourd’hui. Au rêve de princesse cueillie par un prince charmant qu’on matraque aux petites filles depuis longtemps, au rêve d’ascension sociale peu plausible aux relents d’American Dream* qu’on nous assène, s’ajoute aujourd’hui la société du spectacle, la mise en scène perpétuelle de son égo (le site Gossip Girl qui égrène des potins s’utilise comme Facebook aujourd’hui : regarder et se regarder) et la société de consommation ou le rêve d’acheter des robes comme une fin en soi.

En cela, les épisodes parisiens de la saison 4 sont assez évocateurs. Les deux personnages qui passent leur été à Paris occupent leurs journées avec du shopping, du shopping et du shopping. En 40 minutes, c’est au moins vingt devantures de boutiques de l’avenue Montaigne qu’on nous inflige, parce que la subtilité, dans le scénario comme dans la réalisation, ce n’est vraiment pas le fort de cette série…

Comme dans bien des soaps, chaque saison apporte son lot de personnages extérieurs au petit groupe de nantis, et avec eux des manigances et plans machiavéliques en bataille. A la fin bien sûr, ces fauteurs de trouble sont démasqués puis rejetés et humiliés par la bande de jeunes pimbêches en Louboutin. Car ce qu’on reproche à ces étrangers -souvent pauvres- c’est avant tout d’être, justement, étrangers au cercle fermé de cette curieuse « élite de New York ». Les pires menteurs, affabulateurs, comploteurs, sont bien les personnages principaux qui n’ont rien, mais alors rien, d’appréciable. Ce n’est pas pour rien que le seul mot que j’ai appris en regardant la série, c’est scheme ! Qu’ils soient, amis, amants, « best friends » pas un épisode ne se passe sans une trahison, une jalousie, un coup bas. Mais malgré les pires crasses, les pires vacheries, ils restent amis parce qu’ils n’ont que ça. Ils se connaissaient depuis le jardin d’enfant en or massif et seraient trop perdus de se retrouver au milieu de gens normaux, avec des rapports sociaux normaux.

Parce que même si on exclut l’aspect totalement improbable de la quasi totalité des intrigues, si on oublie que ce sont les acteurs les plus mauvais de leur génération on a bien du mal à s’identifier, et surtout à vouloir s’identifier à ces personnages vides, qui n’apprennent pas de leurs erreurs et se regardent perpétuellement le nombril (sur un ventre parfaitement plat). Bien sûr, chaque épisode est ponctué d’un social event super VIP auquel nos nouveaux amis se rendent, en smokings, en micro-robes moulantes ou en tenues vaporeuses à la traîne interminable mais dans tous ces évènements, ils ne font rien. Ils sont juste là, ils assistent. Leur seule tâche et de jouer leurs peines de cœur et leurs mesquineries dans un décor glamour.

Alors moi, mes copines New-yorkaises, je préfère les chercher du côté de Girls

 

* déjà dans Berverly Hills, Brandon et Brenda, les deux jumeaux fraîchement débarqués du Minnesota s’intégraient chez les riches de ce quartier huppé de LA, tout comme Dan et Jenny, fratrie de Brooklyn qui tente de (nous faire) pénétrer le milieu ultra-fermé des Upper East Siders…


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