Sortie culturelle

Il y a quelques années, j’avais écrit un article sur la Fondation Gianadda, à Martigny, où je disais tout le bien que je pensais de cet endroit merveilleux où on pouvait marcher sur les pelouses et s’ébattre avec un sein (de César) sous le soleil valaisan. Je n’y étais pas retournée depuis des années mais leurs saucisses – frites en plein air valaient bien le détour.

Cet été donc, j’ai découvert qu’à la Fondation Gianadda, il n’y a bien que les saucisses – frites qui valent le détour aujourd’hui. Les saucisses et le parc. Mais à part ça. Rien.

Rien qui m’a coûté quand même 20 CHF (18 €) ! Le Centre Pompidou c’est 13 € quand la Galerie 1 est pleine… Le Louvre, c’est 14 € pour les collections permanentes + les expos temporaires… On a tout le Louvre pour 14 € mais il faut débourser 18 € pour le rien de la Fondation Gianadda.

Au programme cet été donc Van Gogh, Picasso, Kandinsky… Collection Merzbacher. C’est uniquement après avoir fini la visite que je découvre le sous-titre évocateur : Le mythe de la couleur. On aurait aussi pu dire Peintures.  Parce que dans la collection de Monsieur Merzbacher, point de cohérence si ce n’est qu’il s’agit de peintures, et de peintures colorées. Pierre Soulages, très peu pour Monsieur Merzbacher.

Me voici donc à une expo de peintures colorées. Signés des plus grands. Peintres. Passons sur l’annonce mensongère de l’affiche qui nous fait miroiter des Picasso alors qu’il n’y a qu’une toute petite toile de lui, riquiqui et oubliable.

En guise de préambule, un petit texte mal écrit par Monsieur Merzbacher ou un de ses assistants, qui nous explique qu’il remercie la Suisse qui l’a accueilli (ça doit bien être le seul juif que les Suisses n’ont pas tranquillement regardé se faire déporter de l’autre côté de la frontière) et Machin, le commissaire de l’exposition. Je dis Machin car son nom ne me revient pas et aussi parce qu’il n’y a aucun, absolument aucun travail de curateur sur cette expo et qu’il ne mérite donc pas qu’on le cite. C’est d’ailleurs ça le premier souci, cette exposition n’a pas été pensée. On aligne, en fonction de la taille des cimaises, les toiles que ce Monsieur a amassées tout au long de sa vie. On ne sait pas trop avec quel argent, l’or des juifs spoliés peut-être. On les aligne sans cohérence, exactement comme il a constitué sa collection (plus loin, il nous explique qu’il n’y connaît rien mais qu’il a un goût). Hum, on vient donc ici pour voir ce qu’il accroche dans le salon de son chalet à Gstaad…

Mais le problème est plus grand que cette exposition qui ravira sûrement les mémés en villégiature. Le problème est que toute la vision de l’art de Léonard Gianadda est à l’avenant. Avec le même billet, on a accès à une exposition de photos Hommage à l’absente. Titre mystérieux. Mais, mais. Mais oui, c’est une série de portraits d’Annette, la femme de Léonard, prises par lui pendant leur voyage de noces ! Oui, c’est une série de photos de vacances faites par le propriétaire de la Fondation. Et pour lui donner une vraie dimension artistique, elle est accrochée en regard d’une série de portraits pris par Henri Cartier-Bresson. Comme si de rien n’était, le directeur du lieu s’est auto érigé en artiste contemporain. Ca me rappelle ces chefs nazis qui se rajoutaient toujours un nouveau titre délirant. Mais par ça, la Suisse n’est pas concernée…

 

En photo : un des moutons de François-Xavier Lalanne dans le parc de sculptures de la Fondation.


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