Special relationship

Je voulais faire un billet Kingsman: the secret service vs American Sniper avant même de les avoir vus…

En regardant Kingsman je me dis que Colin Firth a vraiment vieilli et je suis bien contente que le film dure deux heures. Je suis partie plus tôt du travail pour attraper la séance et déjà, j’ai 14 ans, je sèche l’école, je passe l’aprèm avec les copains et on fait un détour par l’Angleterre. Tout est là, les costumes sur mesure et les poivrots, les châteaux et les vieux pubs, les unes du Sun et les chevaliers de la table ronde.

Kingsman, c’est le parcours initiatique d’un chav qui devient gentleman. Bien sûr, le film n’a pas le réalisme social d’un Boy A ou d’un Selfish Giant, il reprend les codes du blockbuster, de la franchise aux millions de dollars mais le fait avec un flegme et un humour british qui pardonnent tout. Alors oui, les gentils gagnent à la fin après de multiples rebondissements mais c’est un divertissement. Et comme divertissement, ça remplit parfaitement son office.

A l’inverse, American Sniper ne remplit aucun office. Ce n’est ni un divertissement, ni un drame, ni un thriller. American Sniper, ne nous fait pas réfléchir et ne (se) pose aucune question. Pas de remise en cause de l’engagement US en Irak après le 11 septembre. Pas d’interrogation sur le fait même de glorifier un sniper, i.e. le mec qui tire couché par terre depuis un toit, planqué à bonne distance des combats. Et l’inévitable « based on a true story » ne justifie rien et n’en fait pas moins un film de fiction où les scènes de guerre sont tout aussi hollywoodiennes que dans Captain America.

Parce qu’on a beaucoup critiqué Kingsman pour sa violence gratuite mais paradoxalement, la violence gratuite se trouve là, dans la guerre. Ce n’est pas les bastons chorégraphiées où l’on assassine à coup de parapluie qui rendent fou, c’est la guerre. La vraie. Les semaines entières passées par des jeunes désœuvrés dans un désert inconnu, c’est cette violence là qui choque. Qui est incompréhensible. Il suffit de voir Armadillo ou Restrepo pour comprendre qu’il n’y a rien à comprendre et que eux-mêmes ne comprennent rien. Et que la banalisation de la violence ne passe pas par des films d’aventure où c’est glamour d’être un espion mais par les guerres insensées qu’on mène aujourd’hui.


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