Assassins de la police
Silent partner sur la production du film, Claude Guéant a du se délecter de l’image de cette po-lisse, si pleine d’honneur, de conscience professionnelle, d’éthique et de cœur. Quand ils frappent un type, c’est un salaud violeur de petite fille, quand ils ont la rage, c’est contre le monde injuste qui sépare un enfant de sa mère. Ils sont dévoués, ils aiment leur métier, ils se définissent eux-mêmes comme de bons flics. Ils sont parfaits, toujours là, même quand ils prennent un café en terrasse, pour défendre la veuve et l’orphelin.
Mais ce qui est proprement scandaleux dans le film de Maïwenn ce n’est pas cette ode à la police. Après tout, pourquoi pas. Pourquoi pas se rallier à la mode du tout sécuritaire. L’outrageant vient de tout ce qui fait le film. Car ce n’est pas un film sur la brigade de protection des mineurs. Non, non. Polisse est un film sur une bande de collègues qui ont des petits soucis. Un divorce, un désordre alimentaire, une relation « compliquée », une vie écorchée. Ca se passe au commissariat mais ça pourrait aussi bien se passer à la poste ou chez Auchan. Polisse, à la bande-annonce mensongère, n’est en réalité pas différent de tous ces films français nombrilistes où il est question uniquement de soi, de ses copains, de ses amours.
Polisse, c’est Le Code a changé, mais avec Joeystarr à la place de Danyboon. Mais après tout, pourquoi pas. Pourquoi pas choisir de faire un énième film sur les peines de cœur d’un groupe de trentenaires. Le seul souci, c’est que Polisse utilise des enfants violés comme adjuvant de cette sauce à l’égo. On adore s’indigner devant la Marie-Anne Chazel nouvelle génération (Audrey Lamy) qui branle son petit garçon pour qu’il s’endorme, mais le vrai sujet du film c’est pourquoi la photographe en carton ne partage pas l’appartement du père de ses enfants. On s’indigne du bourgeois qui « aime trop » sa fille de 10 ans, mais ce qui tient le film, c’est la romance incompréhensible entre Mélissa, « la belle » gourdasse et Fred, « la bête » à fleur de peau… Car Maïwenn ne peut pas s’en empêcher, si elle ne filme pas sa vraie-fausse autobiographie, elle filme se fausse-vraie histoire d’amour avec Joeystarr. Encore une fois, il ne s’agit que d’elle. Toujours. Et les bébés secoués ne sont qu’un prétexte. Mais cette utilisation des enfants maltraités est tellement vulgaire que c’est Maïwenn qu’il faudrait arrêter pour racolage passif…
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