Oh Teddy, Teddy, Teddy

 Souvent, je découvre quelque chose et puis j’oublie ce quelque chose et puis je le redécouvre des années plus tard et je me demande comment j’ai pu vivre sans (Etsy, les memes, The Oatmeal…) Avec TED, c’est l’inverse. J’ai découvert TED il y a trois quatre ans, je me suis dit « oh trop bien », j’ai regardé des vidéos et maintenant j’en suis revenue.

Le slogan de TED c’est « Ideas worth spreading ». C’est gratuit, c’est en live et en ligne, accessible à tous. TED s’emploie donc à répandre dans le monde entier des idées qui « valent la peine d’être répandues ». Une évangélisation, quoi. Pourquoi pas. C’est aussi ça les internets, avoir accès à une multitude de contenus et pas seulement des petits chats (même si c’est super les petits chats).

Donc TED, des contenus, des gens « inspirants », forcement « remarquables » qui nous apprennent la vie en 15 minutes. Et oui, il ne faut pas trop creuser le sujet. Mais quel sujet ? Une étude des tags qualifiant les vidéos est assez édifiante : dépression (1), politique étrangère (3), technologie (500), divertissement (255). Il y a plus de vidéos tagguées origami (2) que féminisme (1)…

Ok, donc pour TED, les idées sont forcément liées à une certaine technicité… On adore par exemple la vidéo -en page d’accueil- du co-fondateur de Google qui nous montre comme c’est génial les Google Glasses, mais attention, ce n’est pas de la promo mais plutôt une approche philosophique. La philosophie de Sergey Brin ? On passe un temps fou isolé à vérifier ses nouveaux emails sur son téléphone alors que c’est drôlement plus sympa de les recevoir en direct sur sa lunette en surimpression du réel. Ah ouais d’accord.

Bon, forcement, parmi les centaines de vidéos, il n’y a pas que du mauvais, comme cette fameuse intervention de David Foster Wallace, This is water (mais qui n’est pas vraiment un contenu TED puisque c’était son discours aux diplômés de Kenyon College en 2005 et que la vidéo a déjà fait mille fois le tour du net).

Donc TED, c’est la vie par la technologie, les joies de la bidouille et le bonheur d’être connecté mais pas seulement. C’est aussi la vie du bon côté. La « philosophie » de TED c’est de la pensée positive et du concentré de développement personnel qui mérite à chaque fois une standing ovation. L’une nous dit qu’il faut être heureux d’avoir des regrets, l’autre nous dit que c’est trop bien d’être amputée des deux jambes, une autre encore, nous explique que faire le mime dans la rue peut rapporter des millions. Très orienté nouvelles techno, confiance en soi et individualisme, TED répand sa vision simpliste du monde où il suffirait de suivre ses rêves pour créer un monde meilleur mais ne nous apprend jamais rien, si ce n’est, en négatif, qu’il faut refuser la facilité de cette pensée pré mâchée.


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